Admirer, voilà bien un plaisir simple, accessible, dont l’occasion nous est donnée chaque jour lorsque nous prenons la peine de regarder autour de nous : la nature, nos proches, nos voisins …

L’admiration n’est pas très à la mode aujourd’hui : on lui préfère l’indifférence ou la fascination ; il est plus vendeur de détester, d’attaquer, d’accuser, de « troller ».

On craint de passer pour naïf en avouant son émerveillement ou de se faire moquer en révélant le sujet de son admiration : être ébloui par Taylor Swift ou Nelson Mandela, oui, mais par le meilleur joueur de pétanque du monde ?

Pourtant, le sentiment d’admiration a probablement existé de tout temps, sachant qu’admirer signifie voir avec étonnement ; en ancien français, on disait « soi merveiller » ou « avoir merveille ».

Les philosophes accordent une grande importance à cette notion.

Sur la RTBF, l’émission « Dans quel monde on vit » propose le billet philo « À quoi tu penses ? » : Simon Brunfaut, journaliste et professeur de philo nous y recommande de prendre le temps d’admirer.

Récemment, la philosophe Joëlle Zask a fait l’éloge de l’admiration qui « nous fait grandir et nous guérit de notre indifférence au réel ».

Au XVIIe siècle, dans son traité « Les Passions de l’âme », le philosophe français René Descartes écrivait que « l’admiration est la première de nos passions ».

L’admiration, c’est cet étonnement qui nous pousse à savoir, c’est le moteur de la connaissance. C’est un sentiment qui nous ouvre l’esprit, qui nous donne envie de creuser, d’approfondir. L’admiration nous permet de reconnaître la nouveauté, le singulier. C’est quelque chose qui nous prend, qui nous surprend : on ne choisit pas la chose qu’on va trouver admirable. Ça peut être une personne, évidemment, mais aussi une petite cuillère ou une coccinelle ! Les sujets d’admiration sont infinis !

Photo : Marc Guisset, grand admirateur de son environnement proche 

Contrairement à la fascination, l’adulation ou l’idolâtrie, qui nous plongent dans la passivité, l’admiration nous met en mouvement, elle nous rend actifs : celui qui admire se passionne, mais sans être absorbé. L’admirateur n’est donc pas un fan : il ne cherche pas l’identification ou la fusion avec ce qu’il admire. Admirer, ce n’est pas être aveuglé, c’est se laisser toucher à nouveau par ce qui nous entoure. C’est retrouver l’intérêt pour le monde, mais un intérêt désintéressé. En admirant, je me décentre, je me décale. Je laisse mon ego de côté. Je regarde ailleurs, je me tourne vers l’extérieur. L’admiration nous guérit de cet hyper-individualisme contemporain.

Elle nous fait observer autre chose que notre nombril !

Joëlle Zask dit d’ailleurs que l’admiration est un « sentiment profondément démocratique ».

Alors, un petit conseil aujourd’hui : lâchez vos livres de développement personnel et votre téléphone portable, relevez la tête … et admirez ! Nous avons l’embarras du choix : nos deux vallées, Dyle et Cala, les chemins qui les parcourent, la faune et la flore qu’elles recèlent …            

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