Juste parmi les Nations
Connaissez-vous les « Justes parmi les Nations » ? Cette distinction est accordée par l’état d’Israël aux personnes non juives qui, souvent au péril de leur vie, ont sauvé des Juifs de l’extermination pendant la seconde guerre mondiale.
En 1995, Yad Vashem, l’institut Commémoratif des Martyrs et des Héros de la Shoah, a décerné le titre de « Justes parmi les nations » aux époux Joseph Legros (1901-1965) et Hélène Durlet (1901-1974), une famille de Bousval, pour avoir hébergé une enfant juive pendant toute la guerre.
Ce sont leurs fils, Edgard et Roland qui l’ont reçu en leur nom.
Cette année la ville de Genappe et la Fédération Nationale des Combattants de Bousval ont décidé d’honorer particulièrement cette famille.
Histoire de la famille Legros et de leur « fille » Colette
En 1942, Joseph Legros se rend souvent chez son frère Alfred, propriétaire du restaurant « Leman », boulevard du Botanique à Bruxelles.
Georges Vandor, fournisseur du « Leman », cache chez lui une fillette, Evelyne Haendel, dont les parents ont été arrêtés par la police allemande.
Georges souhaite cacher Evelyne à la campagne et lui trouve une place à Gaillemarde (La Hulpe) mais, considérant que c’est assez risqué, il est à la recherche d’une autre famille d’accueil.
Sollicitée, Hélène Legros accepte avec enthousiasme. Evelyne arrive à Bousval fin 1942, elle a 5 ans et elle est connue sous le nom de Colette Wauthier, orpheline.
Elle vit chez les Legros, avenue des Combattants, juste après Basse-Laloux, à droite en allant vers Court-Saint-Etienne (la maison a été démolie lors de la construction du viaduc).
Evelyne (alias Colette) y demeure jusqu’après la libération début 1945.
Elle est inscrite à l’école Sainte-Marie. Son nom se trouve toujours dans les archives de l’école, mais sans mention de parents. Personne à Bousval n’a soupçonné cet acte spontané d’entraide et de solidarité. Il était apparu tout à fait naturel aux parents Legros mais à quels risques !
La maman Legros était par ailleurs toute fière de sa « fille » à côté de ses grands garçons. Edgard se souvient que la fillette chantait : « Dis-moi pourquoi les plus beaux jours sans toi sont tristes ? » en pensant à sa maman disparue.
Les parents d’Evelyne ont été gazés à Auschwitz. Après la guerre, elle a été adoptée par la famille Vandor. Ensuite, elle a vécu à Liège et est restée en contact avec les Legros jusqu’à son décès en mai 2021.
C’est elle qui a fait la demande de reconnaissance de l’acte héroïque d’aide à un enfant en détresse. L’enquête minutieuse a duré plus de 10 ans. Grâce à de nombreuses personnes comme la famille Legros-Durlet, beaucoup d’enfants juifs ont pu être cachés pendant la guerre et ont été sauvés ; leurs parents ont été envoyés dans des camps d’extermination et ne sont pas revenus.
Mr Adolphe Nysenholc, un autre « enfant caché »
Une association « L’enfant caché » existe et nous avons invité un de ces enfants cachés à venir témoigner dans nos deux écoles. Nous avons eu l’honneur d’accueillir M. Nysenholc qui a expliqué aux enfants cette période de notre histoire et a répondu aux nombreuses questions des enfants de 5e et 6e primaire de nos deux écoles.
Mr Nysenholc a écrit un récit autobiographique « Bubelé l’enfant à l’ombre » retraçant avec beaucoup de tendresse, d’émotion et d’humour le parcours d’un petit garçon durant et après la guerre. Les écoles en ont reçu un exemplaire.
Un grand merci à lui de s’être déplacé à Bousval. Une leçon à retenir par tous.
Si vous voulez en savoir plus, voici quelques sites où vous pourrez retrouver de nombreuses informations sur :
Plaque commémorative
Durant la cérémonie du 11 novembre, une plaque commémorative a été posée sur la tombe des époux Legros – Durlet en présence de plusieurs de leurs petits-enfants, de quatre arrière-petits-enfants (Steeve, Jarno, Jérémy et Romuald), d’enfants des écoles et des autorités communales.
Texte de Paul Godart