Préliminaires
Nous rapportons ci-après les souvenirs de Robert Martin couvrant l’époque d’après-guerre, c’est-à-dire de 1945/46 à octobre 1953, date de la désaffectation de la ligne 141 au trafic voyageur. Robert Martin avait à cette époque de 10 à 15 ans.
Les bâtiments de la gare de Bousval
La construction de la gare date de la période de 1875/80 et était de style EB n°2, soit un style identique à celui de la gare de Noirhat qui elle fut inaugurée le 15 avril 1880. Toutefois les bâtiments de la gare de Bousval étaient plus conséquents. Le réseau intérieur était aussi plus important.
Le personnel en service
Chef de gare
Jules WILLEMS
Employés (ils étaient aussi appelés Agréés)
- Emile PETIT de Bousval
- Adolphe MASSON de Ways
Personnel d’entretien et de manutention
- Joseph HEREBAYS du Sclage (el blanc d’urée)*
- Léopold PIERRE de Bousval (Paul Taurien)*
- Jules DEGRAUX de Bousval (el Picot)* * surnoms
Porteur de dépêches
Paul POLET de Noirhat
Gardes Barrières rue du Grand Arbre
- Emerence… ?
- Germaine Lardinois
- Paul Servaes
- Rosine Tourpe
- Yvonne Brassart
L’ouverture et la fermeture des aiguillages étaient manuelles et nécessitaient une certaine force physique. Ces opérations relevaient aussi de la compétence du personnel d’entretien. Les signaux d’ouverture de la voie étaient aussi manœuvrés manuellement.
La poste
A noter qu’à cette époque, il n’y avait pas de bureau de poste à Bousval. Les facteurs (André Martin -mon papa- et Paul Lengelé) effectuaient leurs opérations (réception courrier, tri et autres) dans la salle des guichets et sous la supervision du chef de gare qui officiait également comme percepteur des postes.
Les infrastructures du réseau ferré
Les infrastructures du réseau ferré (intérieur et extérieur) étaient relativement importantes :
- 2 voies principales
- 1 raccordement privé pour la filature Breuer à Basse Laloux (construit en 1930) en parallèle, en partie, à la ligne Ottignies-Nivelles et situé entre le quai n° 2 et le sentier de la drève du Château.
- 1 voie de raccordement pour le chantier houiller DEMOULIN (actuellement famille Rommelaere).
- 1 voie de chargement/déchargement pour les envois importants et habituels par chemin de fer.
A cette époque ces envois ou réceptions étaient fréquents et relativement importants. Ils s’échelonnaient sur toute l’année. Entre-autres, :
– évacuations des betteraves vers les sucreries et du lin vers les stations de rouissage.
– Sources de Bousval : envois vers les distributeurs belges.
– Papa, à plusieurs reprises m’a fait part également d’envois (avant-guerre) vers Anvers avec une destination finale par bateau vers la colonie du Congo.
– Lorsque la saison colombophile (importante à cette époque) était ouverte, chaque samedi en début de soirée, un train avec une rame de plusieurs wagons s’arrêtait en gare de Bousval pour charger les paniers de pigeons enrôlés au cercle colombophile (café GOSSIAUX, actuellement « Enquête du Goût ») avec destination la France pour y être libérés le dimanche matin.
TRAFIC VOYAGEURS
Horaire
Ci-après un aperçu de l’horaire de trains valable à partir du 7 octobre 1946 jusqu’à probablement fin juin 1947, suivant la coutume de l’époque.
A noter qu’il n’y avait pas de service réduit les samedis et dimanches. Les seuls services supprimés étaient ceux marqués de 2 marteaux croisés, mais cette suppression n’était effective que le 15 août, le 1er novembre et le 25 décembre.
Tarif
Genappe et Nivelles étaient les centres commerciaux les plus fréquentés par les Bousvaliens et en 1946 les billets coutaient :
Pour Genappe
Type de billet | 1ère classe | 2ème classe | 3ème classe |
---|---|---|---|
Billet simple | 7 francs | 5 francs | 3 francs |
Billet aller-retour | 11 francs | 7,5 francs | 4,5 francs |
Pour Nivelles
Type de billet | 1ère classe | 2ème classe | 3ème classe |
---|---|---|---|
Billet simple | 23,5 francs | 16 francs | 9,5 francs |
Billet aller-retour | 38 francs | 26 francs | 15 francs |
Suppression du service « voyageurs »
Le service « voyageurs » a été supprimé le 3 octobre 1953.
Toutefois les aléas climatiques et le froid intense qui a perduré durant près de 3 semaines en février 1956, ont contraint à sa réouverture provisoire, pour suppléer à la NON-CIRCULATION des bus : le mazout se gélifiait dans les réservoirs et le système d’approvisionnement du moteur. A noter également que les routes étaient verglacées et que l’on ne connaissait pas encore le déneigement préventif ou curatif tel qu’il se pratique aujourd’hui.
Terrains privés et servitude
L’aménagement de la gare tel que décrit ci-dessus date du début du 20ème siècle et fut entrepris par les CHEMINS DE FER DE L’ÉTAT avec l’acquisition de terrains privés jusqu’à hauteur des immeubles du complexe « BOLÉRO ».
Dans « Si Bousval m’était conté », Monsieur Deltour nous indique qu’une servitude privée, traversant la gare de Bousval avait été concédée à Monsieur le Comte Philippe Vander Stegen de Putte, propriétaire du château de Bousval (jugement rendu par le tribunal de Nivelles le 7 juin 1854 et confirmé par la cour d’appel de Bruxelles le 13 août 1855). Cette servitude a été supprimée après la guerre 14-18 ; le château de Bousval était alors propriété de la famille Adolphe Delhaize.
Témoignage de Robert Martin