La ferme de la Baillerie est le siège d’une des six anciennes seigneuries de Bousval. Presqu’aussi emblématique que la Chapelle du Try-au-Chêne qui la voisine et à laquelle elle est intimement liée, la ferme domine le flanc sud du village.
Avant de croiser ses habitants, on y est accueilli par 120 chèvres souriantes, autant de Blanquettes chères à Monsieur Seguin, qui se partagent un grand enclos couvert et de gros amas de fourrage fraichement coupé.
Porté par Christophe et Johanne, le projet d’élevage et de fromagerie s’est installé en 2007.
Le terme qui le caractérise le mieux est indéniablement : « collectif ».
Collectif, l’habitat groupé qui a rassemblé dans le lieu, pour y vivre, plusieurs amis et connaissances, et sans lequel le projet agricole n’aurait pu voir le jour, tant les bâtiments et l’espace étaient surdimensionnés.
Collectif aussi, le projet agricole lui-même.
Pour celui-ci, on peut parler d’innovation car l’ingénieux système mis en place n’était encore que très peu représenté en Belgique. Il est constitué de deux coopératives indépendantes, l’une rassemblant les producteurs, l’autre étant propriétaire de la terre.
Les coopératives de producteurs ne sont pas rares. Elles permettent à leurs coopérateurs de maitriser collectivement leur outil de production.
Bien sûr, comme dans tout projet collectif, on y est tributaire de l’humain. Certains associés, pour raison personnelle, quittent le navire. Ils sont remplacés par d’autres et l’ensemble doit retrouver un nouvel équilibre. Ils sont 4 aujourd’hui.
Camille a remplacé Johanne, sa maman. Le projet, elle le connait depuis toujours et elle peut en partager l’utopie.
Car il y a malgré tout de bons côtés : travailler à plusieurs permet de se relayer, de se ménager des conditions de travail moins astreignantes que la norme dans les exploitations agricoles.
Pour les fondateurs, la ferme devait vivre en autonomie, ne pas dépendre d’une alimentation extérieure pour le cheptel. L’accès à la terre était donc fondamental.
D’où la constitution de la 2e coopérative qui a permis de rassembler les fonds nécessaires à l’achat des quelques hectares indispensables.
Y sont coopérateurs la famille, des amis, des clients, des habitants du village, même Les Amis de Bousval.
17 ans plus tard, l’avantage perdure car désormais, lorsqu’un coopérateur souhaite récupérer ses parts, c’est la coopérative de producteurs qui les reprend. Elle devient ainsi peu à peu propriétaire du patrimoine foncier sans avoir eu à passer par de coûteux emprunts.
On pourrait penser qu’il s’agit d’une vision assez égocentrique du collectif ! Mais pas du tout, et pour s’en convaincre, il suffit de participer à la traditionnelle journée annuelle d’arrachage des betteraves, qui nourriront les chèvres en hiver.
Une centaine d’amis, voisins, clients se démènent toute une journée ensemble sur le champ avant de partager un bon repas. Oui l’esprit y est, et y reste !
Côté défis, bien sûr il y en a. Le quotidien amène toujours ses surprises. Ensuite, l’équilibre reste aussi à surveiller en permanence : nombre de chèvres, de travailleurs, de marchés, surface de culture nécessaire.
C’est de ce dernier côté que vient sans doute le danger car le réchauffement climatique change la donne. Entre des années trop humides et d’autres trop sèches, l’autonomie fourragère se voit menacée. Sans possibilité d’augmenter la superficie – au vu notamment de la rareté des terres et du prix exorbitant en BW – il faudra trouver à adapter les cultures tout en maintenant la qualité alimentaire pour les chèvres. Un sacré challenge !
Avec tout ça, on en oublie de parler des fromages : environ 20 tonnes par an, se déclinant en crottins nature ou aux goûts de saison, yaourts, maquée, feta, ricotta, …
Outre les proches marchés de Nivelles et d’Ottignies, les chevriers vous accueillent à la ferme tous les jours de la semaine de 9h30 à 13h30 et de 15h30 à 17h30.
Et, cerise sur le gâteau, cette année est celle des portes ouvertes. Bloquez donc déjà votre agenda le 1er septembre pour une belle journée parmi les biquettes.